Introduction
Depuis son indépendance en 1960, le Burkina Faso a traversé une série de régimes politiques alternant entre autoritarisme, révolutions populaires, transitions démocratiques et aspirations sociales. Ces bouleversements ont été marqués par des coups d’État militaires, des tentatives de réformes profondes et une volonté récurrente de rupture avec le système néocolonial. L’histoire politique du pays témoigne d’une dynamique entre contestation populaire et recherche de stabilité.
I- La Révolution de 1983 : la rupture sankariste
1- Contexte d’émergence
- En 1983, l’insatisfaction populaire envers le régime militaire en place, combinée à des tensions internes au sein des Forces armées, débouche sur un coup d’État militaire.
- Le Capitaine Thomas Sankara, jeune officier charismatique et ancien Premier ministre renversé en 1982, est porté au pouvoir par des révolutionnaires proches de ses idées.
2- Objectifs politiques
- Souveraineté nationale : Rupture avec l’impérialisme et dénonciation de l’endettement international.
- Justice sociale : Émancipation des femmes, alphabétisation, soins de santé gratuits, développement rural.
- Lutte contre la corruption : Diminution des privilèges des élites, réduction des salaires des ministres, moralisation de la vie publique.
3- Outils de transformation
- Création des CDR (Comités de Défense de la Révolution) : Organes populaires chargés de veiller à l’application des politiques révolutionnaires et de mobiliser les citoyens.
- Changement de nom du pays : en août 1984, la Haute-Volta devient Burkina Faso, signifiant « pays des hommes intègres » en mooré et dioula.
- Adoption d’un programme de développement endogène, basé sur l’autosuffisance alimentaire et l’émancipation populaire.
4- Communication
- Discours international marquant, notamment à l’ONU en 1984, dénonçant les mécanismes de domination économique du Nord envers le Sud.
- Politique étrangère non-alignée, solidaire des peuples en lutte (Palestine, Afrique du Sud).
II- Chute de Thomas Sankara et montée de Blaise Compaoré
1- Coup d’État du 15 octobre 1987
- Thomas Sankara est assassiné dans un coup d’État sanglant mené par son ancien compagnon d’armes, Blaise Compaoré.
- Le nouveau régime justifie l’acte par un « rectificatif » de la Révolution, dénonçant ses dérives autoritaires.
2- Règne de Blaise Compaoré (1987–2014)
- Mise en place d’un régime semi-autoritaire, alternant ouverture politique et verrouillage institutionnel.
- Réintégration de la Haute-Volta dans les organisations internationales et diplomatie régionale active.
- Création du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti présidentiel dominant.
3- Contestation croissante
- Accusations de corruption, de népotisme et d’enrichissement illicite.
- Tentative de modification de la Constitution pour briguer un 5e mandat en 2014.
III- Transition démocratique et renouveau politique
1- Insurrection populaire d’octobre 2014
- Manifestations massives à Ouagadougou et dans les principales villes du pays.
- Le peuple s’oppose à la réforme constitutionnelle visant à prolonger le règne de Compaoré.
- Compaoré est contraint à la démission et s’exile.
2- Gestion transitoire
- Mise en place d’un gouvernement de transition dirigé par le diplomate Michel Kafando (Président) et le Colonel Zida (Premier ministre).
- Adoption de réformes institutionnelles, retour à la stabilité, organisation des élections générales.
3- Élection de Roch Marc Christian Kaboré
- Le 29 novembre 2015, Roch Marc Christian Kaboré, ancien proche de Compaoré devenu opposant, est élu président.
- Il lance des réformes pour renforcer les institutions démocratiques, la décentralisation et la transparence.
- Son mandat est ensuite confronté à l’insécurité liée au terrorisme dans le nord du pays.
Conclusion
L’histoire politique du Burkina Faso reflète une trajectoire mouvementée, faite de ruptures idéologiques, de réformes ambitieuses et de quêtes populaires de justice. Si la Révolution sankariste reste un repère symbolique fort, les périodes qui ont suivi traduisent les difficultés à stabiliser durablement les institutions démocratiques. Ce parcours renforce aujourd’hui la volonté citoyenne de bâtir un État juste, participatif et résilient face aux défis contemporains.